
Sous nos pas le sol gronde et se fissure, et on ne sait plus si c’est une montagne ou un volcan qu’on gravit, si c’est de la neige ou de la cendre qui retombe et se pose sur nos paupières ni si le sommet tiendra malgré tout ses promesses.
Fumée noire : encore un bip, une notif’, et mon regard quitte l’horizon. Des glaciers pleurent pour rejoindre une mer en colère, l’Europe remplace les étoiles par des barbelés, une espèce vient de s’éteindre, une de plus. Fumée blanche, soldes monstre, mensonges enivrants, coach personnel, plan social, milliardaires en orbite, épuisement total. Des nuées de solitudes poursuivent le printemps en avion, sourire forcé, compagnon virtuel, écran total. Je résiste et j’enregistre pour plus tard…
Une affiche publicitaire dissidente montre son dos bleu et se marie au ciel d’été. Souvenirs d’une éclipse, éclats de civilisation, je m’accroche aux derniers rayons, à la lumière à travers la suie, à tout ce qui nous a précédé et à tout ce qui nous suivra. Aux cimes et aux floraisons, aux torrents et aux brumes, aux envols et aux respirations. Je vois dans l’ombre, des enfants grimpeurs matraquant leurs espoirs au travers d’un gueulophone fracassé, jouant leur futur dans la boue des saccages, balbutiant les nouveaux mythes dans des langues amoureuses. J’ai bon espoir et j’enregistre pour maintenant.
Dust, c’est l’ambivalence de notre époque, les contradictions dans lesquelles on patauge et la nécessité d’imaginer, malgré tout, au coeur même de nos incertitudes.