Coincé entre le démantèlement de l’héritage sidérurgique d’Ougrée et les nouveaux espoirs techno-industriels du parc scientifique du Sart-Tilman, le Bois Saint-Jean est un territoire singulier.
Durant près de 70 ans, cette zone martyr à successivement servi de décharge pour des déchets industriels hautement pollués, de terrain de dépôt des immondices communales ou encore de piste de motocross. Toutes ces interventions ont fait naître un remblais hautement pollué de plus de 200m d’altitude et ont fortement et durablement bouleversé le paysage et les écosystèmes sur une zone de plus de 30 hectares.
Au début des années 2000, un vaste programme de réhabilitation du site et d’assainissement des sols à été mis en œuvre par la Société publique d’aide à la qualité de l’environnement. Une zone abritant les sols les plus pollués, dont une ancienne lagune qui servait à recueillir des hydrocarbures, a été étanchéifiée et clôturée et un réseau de mares et des bassins d’orages a été creusé. Sur cette étrange clairière entourée de forêts plus anciennes et dont le sous-sol bouillonne encore de résidus toxiques, une végétations pionnière s’installe progressivement et de nombreuses espèces végétales et animales y retrouvent petit à petit un territoire propice à leur épanouissement. C’est dans cet Eden cabossé que j’ai voulu traîner mes grolles et mon espoir. Dans cette période où, politiquement, l’enjeu écologique semble à nouveau accessoire, étouffé par les vociférations cyanurées de nos peurs et de nos frustrations, j’ai préféré écouter la couleuvre, les vrombissements et la promesse des jeunes bouleaux.